Les contes, les symboles, les mythes de toutes les cultures présentent une histoire qui suscite la compréhension d’une situation, appelle à l’identification, réveille les capacités d’analogie pour prendre du recul, puis faire un parallèle avec soi et/ou une situation.
Cet éclairage différent qui peut venir de l’autre bout du monde nous fait sentir ce lien indéfectible que tisse, au-delà des lieux et du temps, le destin humain, illustrant à la fois la singularité et la communauté de notre condition.
Toujours au fil de l’eau, le sujet abordé ici est celui de la peur.
Cette émotion (primaire) si forte se manifeste différemment en fonction de la façon dont nous y répondons (en devenant soit invisibles, immobiles, en fuyant ou en faisant face) et elle peut nous sauver la vie ou la mettre en danger.
En tentant de se préserver du danger, Stefano (et sa famille) se tient à distance du K, un squale, légendaire et mystérieux qui parcourt les mers et océans à la recherche de sa victime dont il ne perd jamais la trace.
Cette nouvelle de Dino Buzzati nous invite à réfléchir sur les racines de nos croyances, comme la peur, souvent renforcée par l’entourage (dont les motivations sont souvent bienveillantes).
Afin de nous tenir éloignés de ce que nous considérons comme un risque, une perte, nous passons notre temps, notre dynamisme, une grande partie de nos énergies à nous maintenir à l’écart de l’objet de notre peur et à la déjouer. Notre vie s’organise autour et finit par se construire sur l’évitement.
Et pourtant, cette peur quand nous acceptons de la regarder et la comprendre recèle un trésor, symboliquement détenu, voire apporté par des animaux puissants et mystérieux, en lien avec les profondeurs.
Ce cadeau qu’il nous est donné d’accepter est un précieux secret, la perle de notre raison de vivre.